Chanoine Etienne DRIOTON (1889-1961)
 

 

Un des plus grands égyptologues de son temps

Directeur Général du Service des Antiquités et des Musées

Au Caire, de 1936 à 1952.

 

1936, Etienne Drioton est appelé par le Gouvernement Egyptien pour occuper la très haute fonction de Directeur Général du Service des Antiquités et des Musées, au Caire. Il occupera ce poste jusqu’à la révolution égyptienne en 1952. C’est alors qu’il choisit le calme de notre ville de Montgeron pour continuer ses travaux de recherche.  Le Chanoine Drioton nous a quittés il y a 50 ans cette année. C’était le 17 janvier 1961, jour de grand deuil pour l’égyptologie. Rendons lui hommage à travers ces quelques lignes en retraçant les moments les plus forts de sa prestigieuse carrière.

Enfant de Nancy où il naquit le 21 novembre 1889, il restera sa vie durant attaché à cette ville et à sa famille. Très tôt il se destine au sacerdoce et sera ordonné prêtre. Quelques années plus tard l’abbé Drioton sera promu Chanoine honoraire de la Cathédrale de Nancy. Après de brillantes études à Saint Sigisbert et à l’Académie Saint-Thomas à Rome il obtient plusieurs doctorats en philologie, en théologie, une Licence de Sciences Orientales, puis les diplômes d’égyptologie et de langues sémitiques. D’élève il devient maître et enseigne à l’Institut Catholique de Paris ainsi qu’à l’Ecole du Louvre. Beaucoup d’égyptologues, parmi les plus éminents, ont été ses élèves. Dès 1922 il publie des travaux de recherche sur la religion égyptienne, la magie, des études spécifiques sur des œuvres antiques. 

En 1924 : premier contact avec la terre d’Egypte. L’Institut Français d’Archéologie Orientale le charge d’une mission épigraphique au temple de Médamoud. Là ses travaux se révèleront déterminant pour la reconstitution du site, de son histoire et des rites religieux qui s’y déroulaient. En 1926 il est nommé Conservateur-adjoint du Département des antiquités égyptiennes au Musée du Louvre. Parallèlement il continue à travailler lors des campagnes de fouilles sur le site de Médamoud puis à Tod. Il s’intéresse aussi à  la magie telle que la concevaient les anciens Egyptiens. C’est ainsi que, en observant attentivement l’architecture et l’emplacement géographique de ces temples et de celui d’Erman, il décèle la forme d’un œil magique qui constituerait la protection de Thèbes.

Bientôt, son immense maîtrise de l’écriture hiéroglyphique le conduit vers une nouvelle découverte, la cryptographie. Elle lui donne la possibilité de déchiffrer des inscriptions restées  jusque là mystérieuses ou considérées seulement comme ornementales.  Il exposera les résultats de ses travaux en 1932 dans une communication à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. La cryptographie lui permettra de déchiffrer, en outre, certaines formules gravées sur le plat des scarabées. Il y retrouve notamment des maximes religieuses exprimant les croyances de leur auteur ou de leur propriétaire. 

Etienne Drioton est donc déjà très apprécié dans le domaine de l’égyptologie lorsqu’il est appelé à occuper cette fonction de haute responsabilité au Caire. Pendant ces 16 années durant lesquelles il assumera la direction du Service des Antiquités il veillera, comme l’ont fait ses prédécesseurs depuis Auguste Mariette Pacha, à la conservation des collections, à l’organisation du Musée ainsi qu’à la  bonne marche des chantiers de fouilles, ceci dans des conditions parfois difficiles. Cette lourde tâche ne l’empêchera pas d’avancer dans ses propres recherches.

Son œuvre scientifique est immense. Sa bibliographie, réunie par les soins de Josèphe Jacquiot en  1956, est considérable. Elle ne comptait pas moins de 287 titres d’ouvrages et articles, traitant de thèmes aussi variés que la philologie, l’histoire, la religion, la magie, l’art pharaonique et aussi l’art et la civilisation coptes. Nous avons évoqué les brillants résultats obtenus dans le domaine de la magie et de la cryptographie, ses études sur les scarabées.  Ses recherches le conduiront encore vers d’autres domaines. C’est ainsi qu’il met en évidence l’existence d’un théâtre  à l’époque pharaonique : l’une de ses grandes découvertes. Autre idée novatrice, il émet la possibilité d’un certain monothéisme dans la religion égyptienne, l’existence d’une force suprême qui correspondrait au dieu unique. Il s’intéresse aussi aux formules médico-magiques. Nous le voyons, par ses travaux érudits Etienne Drioton fait avancer l’égyptologie dans bien des domaines.

1952, la révolution égyptienne le contraint à rester en France. C’est à Montgeron, au 45 rue des Plantes où résidait la famille de Josèphe Jacquiot sa cousine, qu’il continuera à travailler inlassablement. Il est nommé Directeur de recherche au CNRS puis en 1957 il succède à Pierre Montet à la Chaire d’égyptologie du Collège de France. Eminent savant, dont la renommée reste internationale dans le monde de l’égyptologie, il a sa vie durant œuvré pour que progresse la connaissance de cette ancienne civilisation. D’ailleurs en Egypte ne l’appelait-on pas : le « Chanoine des Pharaons » ?

Article de  Michèle JURET (Conservatrice du Musée Josèphe Jacquiot)